gymnosophistes hindous. C’est à partir de là qu’il a fondé sa très illustre philosophie[16].
Ainsi, selon Frenkian, l’emprunt a été fait par les Grecs aux Hindous.
5. EX OCCIDENTE LUX?
Pourtant Th. McEvilley[17] a refuté avec force le thèse de Frenkian, s’appuyant sur l’impossibilité chronologique d’un tel emprunt. En effet, le premier exemple marquant de l’utilisation de ce parallèle du côté hindou se trouve dans les œuvres bouddhistes. Selon McEvilley, il s’agit des écrits de Dignga qui remontent au V–VI ss. après J. C. Dans le présent article nous avons quelque peu rectifié cette affirmation, puisque le même exemple a été employé précédemment par ryadeva. Il est vrai que les dates de sa vie, qui dépendent directement des dates présumées de la vie de son maître Ngrjuna, son assez difficiles à établir avec certitude, ce qui fait jusqu’à présent l’objet de maintes discussions[18]. Ce qui importe, c’est que le thème de la «corde-serpent» est directement rattaché à l’école de Ngrjuna dont les activités s’étaient déroulées, selon l’opinion de la majorité des savants, entre les II et IV ss. après J. C., c’est-à-dire assurément avant Dign$) *+,-–129 av. J. C.) lui-même, n’a-t-il pas vécu plusieurs siècles avant tous les disciples de Mdhyamika ? À supposer que ce soit lui qui ait utilisé cette comparaison dans un contexte philosophique comme la chronologie nous pousse à le faire, la primauté de la Grèce en ce domaine ne fait aucun doute.
Se basant sur ces réflexions, McEvilley a avancé une hypothèse hardie: ce thème, à son avis, aurait fait l’objet d’un emprunt de l’Inde à la Grèce. Bien sûr, il reste à en expliciter les conditions. Pourrait-on supposer, ne serait-ce que de manière hypothétique, les voies d’un tel emprunt et son époque approximative?
En premier lieu, un tel emprunt aurait pu se faire à Alexandrie, dans la période entre la seconde moitié du Ier s. av. J. C. et jusqu’à la première moitié du Ier s. après J. C. Les Hindous étaient nombreux à Alexandrie en ces temps là, comme on le sait pertinemment. A l’époque romaine le port d’Alexandrie était devenu le centre principal de fréquents contacts marchands avec l’Inde22. Ils débutent vers l’an 120 av. J. C.; au début du Ier s. après J. C., grâce à la «découverte» des vents moussons, il était devenu possible d’effectuer le voyage par mer en aller-retour jusqu’à l’Inde en un an. La circulation des marchandises était déjà assez impressionnante et permettait de grands bénéfices. Le point culminant des échanges marchands entre
Alexandrie et l’Inde a été atteint entre le Ier et le II ss. après J. C. L’intensité des contacts marchands a favorisé nécessairement les échanges culturels. Nous en avons la preuve patente dans le discours de Dion Chrysostome adressé aux habitants d’Alexandrie (Discours,
32. 40) et prononcé vers 71–75 après J. C. :
D * C# + $ EF0 G 5- +(G GHI BBB * ' J ' K ' L ' GH( B
[Je vois parmi vous, non seulement des Hellènes et des Italiens. mais aussi des Bactriens, des Scythes, de Persans et certains
Hindous...]
Ainsi des Hindous étaient venus écouter le célèbre rhéteur grec. Ce qui laisse à supposer, premièrement, qu’ils comprenaient le grec, et, deuxièmement, qu’ils s’intéressaient à l’art oratoire et à la philosophie. Il est tout à fait probable qu’à l’époque, il existait déjà, en Alexandrie, une petite colonie hindoue. Majoritairement elle était certainement composée de marchands, mais un tel centre culturel comme l’était Alexandrie pour tout le monde méditerranéen avait du nécessairement attirez les philosophes hindous.
La question qui se pose est de savoir quels ont été les propagateurs du thème de la «corde-serpent». Sachant que cet exemple
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