Un des postulats de la philosophie Sakhy affirme que la Prakti active (ou la Matière primitive) n’agit point sur le Purua (l’Âme) qui s’en est libéré et comme «distancé». Néanmoins elle continue d’agir sur ceux qui ne se sont pas encore «distancées». C’est donc dans ce contexte là que l’exemple donné et utilisé:
La Prakti ne cesse d’agir sur les autres au moyen de sa manifestation directe, comme dans le cas du serpent (car ce dernier ne cesse d’agir sur la perception) qu’au moment où le percepteur prend conscience de la réalité de la corde[8].
Le même exemple se retrouve dans la tradition philosophique M ms, pourtant les écoles différentes l’interprètent chacune de leur manière. Ainsi, selon l’école de Prabhakra, il s’agit ici d’une erreur de mémoire (le serpent vu précédemment nous revient à la mémoire à la vue de la corde). Tandis que d’après l’école du Kumrila Bhaa on considérait ce cas précis comme une prédication erronée; dans l’énoncé «ceci est un serpent», «l’indication» et le «serpent» sont réels, mais leur mise en relation est une erreur[9].
Parmi les philosophes ayant eu recours à cet exemple, Gauapda est le plus ancien. Mais il semblerait que Gauapda luimême l’ait emprunté à la tradition bouddhique; d’ailleurs il avait été depuis toujours soupçonné de sympathie à l’égard du bouddhisme[10]. Pour retrouver le plus ancien exemple cité dans un texte bouddhique, il faudrait, ce qui serait le plus logique, s’adresser directement au Canon Pali. Sans aller aussi loin, on pourrait affirmer que la tradition de comparer la corde et le serpent se retrouve déjà dans les œuvres des philosophes appartenant à l’école Mdhyamika qui est certainement
plus ancienne que les traités védantdiques.
Il est certain que le Mdhyamika est capable de rivaliser avec les Vednta en ce qui concerne la préférence donnée à cette comparaison. ! considré comme l’élève de Ngrjuna, le fondateur du Mdhyamika. "# $ $e d’exemple du principe de «vacuité de toutes les dharmas» (sarva-dharmanyat):
De même que l’image erronée de la «corde-serpent» est irréelle, de même les objets du monde extérieur, après avoir été dûment étudiés, ne sont en réalité rien d’autre que des parties de ces mêmes objets, mais invisibles; pourtant, même ces parties invisibles (c’à. d., les dharmas) sont privées d’existence réelle. Il n’y a que le sage qui peut se détacher du monde et, par là même, se libérer de la peur qu’il éprouve devant l’image fallacieuse de la «corde-serpent»[11].
Sthiramati, qui a sûrement vécu bien plus tard que ryadeva, et qui fut un des huit grands commentateurs des MMK de Ngrjuna ainsi que de nombreuses œuvres appartenant à l’école Mdhyamika, a lui aussi recours à cet exemple. Dans son commentaire secondaire (k) au traité du MK, il l’utilise pour invalider la thèse d’une «nature existant par elle même» (svabhva):
De même que la corde est «vide de sens» (c’est-ad., ‘libre’ <nya-> par le fait même de la non-existence de «la qualit du serpent» (sarpatva-), elle est aussi indéfiniment «vide» d’un sens propre à la «nature existant par elle même» (-), pourtant ceci ne dépend aucunement du fait de l’existence par elle-même de la corde en tant que telle[12].
D’autres philosophes bouddhistes ont eux aussi utilisé l’image de la «corde-serpent»: c’est, en premier lieu, le grand logicien bouddhiste Dignga (VI s. après J. C.) dans son traité «Collection des outils pour la connaissance» (PS), ainsi que le Mdhyamika Candrak rti (VII s. après J. C ) dans son commentaire des MMK de Ngrjuna intitulé
«La Parole explicitée» (Prasannapada).
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